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Un biologiste des Enquêtes phytosanitaires de l'ACIA aide une élève à se retrouver à la finale d'une Expo-sciences nationale
18 juin 2018
Ron Neville, biologiste des Enquêtes phytosanitaires, de Dartmouth (Nouvelle-Écosse), espère toujours qu'au moins quelques personnes profitent directement de l'information qu'il communique au public.
Il a donc été ravi de constater qu'une entrevue accordée à la CBC l'automne dernier a incité la famille d'une jeune et curieuse élève en sciences à communiquer avec lui au sujet du puceron lanigère de la pruche (PLP) et de ses premières observations du phytoravageur dans la province. La volonté de Ron de transmettre ses connaissances et d'autres renseignements sur le PLP a non seulement inspiré une écologiste en herbe, mais aussi la création d'un projet scientifique primé et l'accès à la finale de l'Expo-sciences pancanadienne, tenue à Ottawa.
Adèle Comeau, 12 ans, élève de septième année à l'École secondaire de Clare, à Meteghan River (Nouvelle-Écosse), affirme que c'est grâce à Ron qu'elle comprend mieux la menace que représentent les espèces envahissantes pour la forêt, qui est son terrain de jeu, et les mesures qu'elle peut prendre pour prévenir d'autres infestations. « La pruche est mon arbre préféré, et je souhaitais vraiment en apprendre davantage sur ce qu'il faut faire pour limiter la propagation du PLP. L'ACIA et M. Neville ont non seulement répondu à nos questions, mais ils nous ont aussi fourni d'excellentes ressources. »
Nos pruches ne vont pas bien
La passion d'Adèle Comeau pour les arbres et la forêt l'a incitée à en apprendre davantage sur le PLP et à transmettre ses connaissances dans le cadre de l'expo-sciences de son école.
La famille Comeau, qui exploite une serre commerciale et vit en milieu rural, a remarqué que les pruches des environs étaient en détresse. Elle a d'abord attribué cette situation aux récentes conditions météorologiques.
En effet, l'été 2016 a été l'un des plus secs que la Nouvelle-Écosse ait connus. Et les conditions de sécheresse ont mis à rude épreuve les forêts de pruches dans cinq comtés du sud-ouest de la province.
« Nous avons d'abord vu dépérir les pruches de notre propre cour : la cime des arbres semblait très sèche. Cette situation m'a touchée personnellement parce que je passe beaucoup de temps dans la forêt. J'aime la forêt. Et lorsqu'on a beaucoup de pruches près de chez soi, on ne veut pas les perdre. On veut savoir ce qu'on peut faire pour résoudre le problème. », dit Adèle. Adèle et sa famille ne le savaient pas au début, mais le PLP avait atteint leur coin de la Nouvelle-Écosse. Les premières observations ont été faites à un peu plus de 30 kilomètres de leur domicile.
En juillet 2017, l'ACIA a confirmé qu'un échantillon prélevé près de Weymouth, dans le comté de Digby, révélait la présence de ce phytoravageur. Il n'était que raisonnable de supposer que les pruches, déjà affaiblies par un manque d'humidité, étaient encore plus vulnérables à une infestation du PLP.
Entrevue opportune avec CBC
Très préoccupée par l'état de ses pruches, la famille Comeau a fait des recherches en ligne et est tombée sur l'entrevue que Ron a donnée à la CBC. Adèle a donc décidé de communiquer avec l'ACIA pour en savoir plus sur ce qui arrivait à ses arbres préférés.
« M. Neville a eu la gentillesse de m'envoyer des vidéos, des articles de recherche, des affiches et même un petit échantillon de PLP. » Le premier réflexe d'Adèle a été de se concentrer sur l'insecte même et de déterminer ce qu'elle pouvait faire pour lutter contre le PLP et sauver ses pruches. « J'espérais découvrir que certains produits ménagers, comme la vaseline ou la poudre pour bébé, pouvaient servir à contrôler le PLP sur nos arbres. » Elle a envoyé un échantillon de l'organisme nuisible à un laboratoire communautaire et, après un examen au microscope, a compris qu'il serait très difficile d'en tirer quoi que ce soit. « L'insecte était si petit, à peine la taille d'un grain de poivre. Je ne savais même pas s'il était vivant ou non. »
Évaluer l’infestation locale
Adèle s'est rendue dans la forêt près de chez elle et a examiné plus de 50 pruches. Elle a constaté que près de la moitié d'entre eux étaient infectés par le PLP. Les recherches d'Adèle lui ont permis d'apprendre que le PLP se propageait par le vent, les oiseaux et les animaux. Elle a donc décidé de se concentrer sur l'étude d'une parcelle de forêt située près de chez elle pour voir à quel point les pruches locales étaient infestées. Elle a ainsi examiné 53 arbres sur une superficie d'un hectare et a trouvé des preuves de la présence du PLP sur 25 d'entre eux, soit un taux d'infestation de 47 %. « Je prenais environ quinze secondes pour inspecter le dessous des branches de pruche. Si j'y trouvais des boules de laine blanche caractéristiques, je les comptais. À moins de quatre boules, je considérais que l'arbre était un peu infesté; en présence de cinq à vingt boules, l'infestation était modérée, et à plus de vingt, elle était importante. » Adèle admet qu'elle n'a pu inspecter que les branches inférieures, mais elle a pu voir que le PLP est tout aussi susceptible de se trouver sur des pruches dont le tronc a un diamètre plus ou moins grand.
Elle a également observé que les pruches situées au bord de l'eau « sont plus infestées parce que le vent et les animaux peuvent s'y rendre plus facilement. » Au bout du compte, Adèle lance l'appel à l'action suivant : il faut s'informer en assistant à des séances d'information publique, éviter de déplacer du bois de chauffage d'une région à une autre et signaler les infestations à l'ACIA.
Changer les choses
Pour Ron, il est très gratifiant de voir ses connaissances et son expertise transmises à la prochaine génération. « Le PLP, comme beaucoup d'espèces envahissantes, peut avoir un effet dévastateur autant sur l'écologie forestière que l'économie. Il est très inspirant de voir une élève comme Adèle s'intéresser à ce genre de choses et avoir un tel succès. »
Adèle a été invitée à l'Expo-sciences pancanadienne, qui s'est tenue à l'Université Carleton à Ottawa, après s'être classée première à son école et au concours provincial.
Pour Adèle, la reconnaissance obtenue – se classer première à l'expo-sciences de son école, obtenir la première place au concours provincial et enfin se rendre à Ottawa pour les finales nationales – a été source de joie et de gratitude, mais elle met tout cela très rapidement en perspective. « J'ai été très heureuse d'entendre les juges dire mon nom, mais depuis l'âge de huit ans, j'aime passer du temps dans la forêt. Je vis dans la forêt. Elle occupe une grande place dans ma vie. »
Entre la serre de son père et la forêt dans laquelle elle joue, Adèle a créé sa propre salle de classe et en a beaucoup appris sur les plantes et les ravageurs qui les menacent. C'est maintenant à son tour de transmettre cette information à son entourage et à un public plus large.
À l'invitation de Ron, elle a apporté sa présentation à une réunion d'information publique tenue dans la ville voisine de Yarmouth et a répondu à des questions sur son projet. « J'aime parler en public et je pense que j'aimerais un jour travailler pour l'ACIA. »
Il n'y a rien de mieux pour enrichir son curriculum vitae que de faire ses propres expériences de vie et de nourrir une passion authentique et durable pour un environnement sain.